Lucienne fut abandonnée à l’âge de deux ans en 1897.
Qui était sa mère Angélique ? Une femme de petite vie, indigne et coupable d’abandon ?
Derrière ce jugement, ancré dans la mémoire familiale, se cache une autre réalité.
Sept lettres d’Angélique de 1895 à 1901, retrouvées dans les Archives de Paris, révèlent le
drame qu’elle a vécu. Domestique, sans ressource, quittée par Lucien, le père de l’enfant,
elle ne peut subvenir aux besoins de sa fille, et se voit contrainte de la confier à l’Assistance
Publique. Cette correspondance poignante prouve à quel point elle veut retrouver et élever
son enfant. Mais l’Assistance Publique ne répond jamais aux questions d’Angélique, ni au
sujet du père disparu, ni au sujet des placements de la fillette.
Ce silence révèle le sort des filles-mères, et met en lumière l’injustice qu’elles subissent,
victimes d’une société patriarcale. Plus que leurs enfants qu’elles n’ont jamais pu retrouver,
ce sont elles les abandonnées.
En quête de cette vérité qui change la vision du passé, la réalisatrice Claudie Landy marche
au côté de ces femmes du peuple, combattantes et chaleureuses, qui ont tracé leurs
chemins, et dont elle est l’héritière. « Lucienne » est l’histoire de sa grand-mère.
On la suit avec passion et émotion dans cette démarche très personnelle mais aussi très
documentée, entre archives inédites et vestiges du passé, avec les éclairages et mises en
perspective de l’historien Antoine Rivière, confrontant la réalité et son fantasme avec la voix
off et la présence de Robin Renucci, sur une musique originale de Christian Olivier.