Elle est une des voix les plus singulières du cinéma documentaire français. Une auteure sans filtre, sans inhibition, rompue aux sujets les plus sensibles et aux terrains d’enquêtes les plus brûlants. Née à Paris, diplômée en histoire de l’art et en économie, Yolande Zauberman s’est initiée au cinéma auprès du réalisateur Amos Gitaï. En 1987, elle signe un premier documentaire, sur l’apartheid en Afrique du Sud, Classified People, qui remporte de nombreux prix dont le Grand Prix du Festival de Paris. Son second film, Caste Criminelle (1989), tourné en Inde, est sélectionné au Festival de Cannes. Trois ans plus tard, elle réalise sa toute première fiction en yiddish avec Moi Ivan, toi Abraham, qui obtient des prix partout dans le monde dont le Poisson d’or au festival de Moscou et le Prix de la Jeunesse au Festival de Cannes.
Artiste pluridisciplinaire, alternant le documentaire et la fiction, le long-métrage et le court, l’art vidéo et l’art narratif, Yolande Zauberman a inventé sa propre voie d’expression à travers des films qui ont toujours suscité des vifs débats, parfois des controverses. Son cinéma investigue les zones d’ombre, brise les interdits, libère la parole et force l’écoute. Il met en scène des couple d’« ennemis », s’attaque à travers des histoires d’amour aux lieux de pouvoirs, qu’ils soient religieux ou politiques ; il nous confronte à des réalités maintenues sous silence et rend désirables et même sexy les solitaires, les marginaux, les sacrifiés.
En 2011, son film Would you have sex with an Arab?, présenté à la Mostra de Venise, ouvrait un vaste débat sur les conditions de vie des Arabes israéliens, en abordant la question très sensible des relations sexuelles dans cette région du monde fragilisée.
Avec sa caméra-pirate, infiltrant les zones secrètes de Tel-Aviv, la cinéaste s’interrogeait sur les tabous en Israël, sans juger ni provoquer, simplement en recueillant les témoignages, en capturant les portraits. Son nouveau film, M, prolonge cette réflexion à travers un sujet encore plus sensible : le viol des petits garçons. Un film tourné en yiddish au cœur des communautés juives orthodoxes.