FOCUS COLLECTIFS
Le cinéma documentaire est par essence un art collectif. Il porte à l’écran une rencontre, celle de l’auteur avec son sujet, grâce à une autre rencontre, entre un auteur et une équipe. Dans les périodes de doutes ou d’instabilité, nous recherchons la puissance du collectif, du vivre et du faire ensemble. Les cinéastes en font autant : de la guerre du Vietnam à celle en cours en Ukraine, des grèves dans les usines aux révoltes féministes, les artisans du documentaire ont décidé d’unir leurs forces pour donner de la voix à des récits singuliers récités au pluriel. Créer collectivement devient alors un acte politique. Les artistes décident de dissoudre leur statut et leur identité, au profit du groupe de valeurs et de pensées auquel ils contribuent. Chacun accepte de croiser et de questionner son regard avec celui de l’autre. Les créations collectives donnent aussi à voir des liens, en même temps qu’elles contribuent à les tisser. On assiste avec émotion à la rencontre artistique d’Agnès Varda et JR, et de tous les villageois sur leur passage. Avec le groupe de réalisateurs de Loin du Vietnam comme avec le collectif féministe des Insoumuses, les images construisent une grammaire commune, qui trouve ses racines dans la lutte et la solidarité. Pour le groupe Medvedkine de Besançon, la caméra passe de main en main, rendant visible le quotidien partagé de milliers de familles ouvrières anonymes. À l’occasion de cette programmation spéciale mais aussi d’une table ronde, nous retracerons ensemble l’histoire et l’actualité de ces aventures collectives, qui se répondent les unes aux autres, accompagnés de Catherine Roudé, spécialiste du cinéma militant ouvrier.
Léa Luret, membre des Escales Documentaires